Poésie mac'hvalienne #1
Publié le 22 Février 2016
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En triant mes étagères hier, je suis tombée sur mes anciens carnets de poésie, que j'ai pris plaisir à relire. Ils ont été écrits pour la plupart en 2007, alors que j'entamais de peu ma vingtaine. Bien souvent, j'écrivais pendant mes heures de cours, accompagnant mes vers de petits croquis et autres élucubrations bizarroïdes. J'ai toujours beaucoup pratiqué l'école buissonnière mentale, voyez-vous.
Il n'est pas dans mes habitudes de mettre des choses trop personnelles sur ce blog. Certes, je me dévoile toujours un peu, au travers de mes "Belles histoires de Mamy Acherontia", ainsi que de ces petites annotations qui fourmillent dans mes articles. Ce n'est pas dans mon habitude de trop en dire, parce que ce n'est pas le propos de ce blog, et que nombre d'éléments de ma petite vie ne regardent que moi. Et pourtant, écrire, c'est mettre à nu nos pensées. Si je souhaite aller dans la direction de l'écriture, je dois apprendre dès maintenant à accepter cet état de fait.
Certes, les sentiments dont il est question sont bien naïfs, et je ne respecte guère les règles d'usage en poésie, mais je les aime bien. Ils sont le reliquat d'une vie que je croyais morte et oubliée. Une vie où mon nom de plume (et de scène quand je jouais de la harpe de façon sérieuse) était Mac'hvala, un temps où la solitude m'inspirait aussi bien qu'elle me désolait. Ces poèmes, contrairement à ce qu'ils laissent penser, n'avaient pas de destinataire. Ils n'étaient qu'un reflet onirique de ce que j'attendais de la vie, une façon de transcender la douleur de mes vieilles blessures, de tirer de la noirceur du monde un peu de beauté.
Voici treize petits textes sélectionnés parmi les pages de mes carnets noircis d'encre. D'autres viendront sans doute compléter la collection.
Pour explication, dans mes carnets, les noms communs portaient tous une majuscule, comme en allemand. J'ai laissé cette graphie telle quelle. À l'époque, après une première année d'étude peu convaincante chez les bibliothécaires-documentalistes, je m'apprêtais à rejoindre l'Université pour entamer des études germaniques. J'étais alors en grande admiration pour Rammstein, Oomph!, Megaherz, Eisbrecher et d'autres groupes de metal allemands, et cela se ressentait jusque dans ma façon d'écrire.
Mais si vous avez peu de goût pour la musique germanique, vous pouvez accompagner ces bribes poétiques par la musique d'artistes tels que Ghost Brigade, Katatonia, Opeth, Novembers Doom, A Pale Horse Named Death, Swallow The Sun, Insomnium, Daylight Dies, Antimatter, Dark The Suns... Ils conviendront très bien à l'ambiance que j'ai cherché à rendre dans ces poèmes.
Où vais-je? Je ne puis le dire
Vers la lumière des Anges blonds?
Vers les Confins d'un sombre Vallon?
Je ne peux y répondre sans me mentir
J'ai erré en Pèlerine de par des Terres d'Ombre
Ai traversé les sempiternels Marais de Pestilence
J'ai senti, dans la Chaleur du Désert, mon Âme fondre
Me suis noyée dans ces Regards noirs de Malveillance
Qui peut bien aimer une Solitaire comme moi?
Toujours vêtue de Noir, et la Tête basse
Mes Rêves ont fait mon Regard prisonnier de l'Émoi
Qui donc m'aimera, moi qui suis distante et lasse?
Il me faut un Rêveur, doux et violent à la fois
Quelqu'un qui a peur, qui a souffert autrefois
Qui ne croit plus en l'Amour car il n'en a pas eu assez
Mais qui croit encore en la Vie car il l'aime trop pour la délaisser
Un Être capable d'apprécier les Splendeurs de ce Monde
Doté de l'Intelligence de l'Esprit et du Coeur
Un Être qui refuse la Médiocrité ne fut-ce qu'une Seconde
Et qui fait fi des Normes pour rester lui-même, un Rêveur...
Mac'hvala, avril 2007
J'aurais aimé exposer mon Amour au grand Jour
Quand les premières Lueurs solaires dissipent les Brumes
J'aurais aimé voir tes Cheveux se parer de Plumes
Et dans tes Yeux un léger Reflet d'Aurore sourde
Mais tu ne viens à moi que de Nuit
Comme un majestueux Chasseur au Torse fier
À Pas de Velours tu allumes les Étoiles de Minuit
Cachant sous ton Manteau le grand feu Lunaire
Tu t'installes sous ma Fenêtre et commence à chanter
Cette Chanson qui se dégage de la Terre au Crépuscule
Parmi les Strideurs de la Nuit, les Oiseaux qui hululent
Et qui se tapissent dans l'Encre de Chine des Branches ramifiées
Ta Voix est comme une Berceuse, un Drap de Satin
Aux Couleurs profondes comme celles de la Mer
Dont les Vagues charrient les Bateaux sous une Lune claire
Je m'y enroule bien au Chaud et y dort jusqu'au Matin
Ton Chant appelle les Rêves qui viennent au Galop
Tels une Nuée de Colombes qui se découpent sur une Nuit améthyste
Ces Rêves, ils me parlent de toi, m'offrent ton Image en Cadeau
Ils m'envoient un Message, comme un grand Jeu de Piste
Je dois reconstituer le Puzzle dont tu es la Pièce centrale
Car plus que tout j'aimerais passer avec toi la Frontière du Matin
Ce Moment où l'Aube vient dompter les fauves Couleurs pâles
Ce Moment où poind le Jour d'un nouvel Amour serein.
Mac'hvala, le 7 avril 2007
[Poème acrostiche]
Lueur crépusculaire sur ton Visage d'Ange
Un Éclat de Magie nocturne dans tes Yeux clairs
Négligé par la Chaleur du Soleil, la Nuit t'
Étreint bien mieux de sa Poussière d'Argent.
Mac'hvala, 2007
Seule sur le Rivage, les Yeux dans l'Eau
J'attends que le Glas sonne pour moi
À l'Horizon aucune Vague, aucun Radeau
Juste moi et mon Attente du Roy
Au Fond sur le Sable brille un Trésor
Je m'en saisi de mes Mains malhabiles
En ôte les Algues, les Morceaux d'Îles
C'est une Boîte à Musique habillée d'Or
Le Couvercle s'ouvre et il chante pour moi
L'ultime Bonheur dépasse l'Entendement
Mon Univers frissonne sous sa Voix
Mon Âme vole au Firmament
C'est un Appel des Temps immémoriaux
Une Onde ancestrale dont j'ai oublié l'Origine
Une Résonance parfaite entre deux Êtres égaux
Nos Visages éclairés de Lumière divine
Je tremble sous le Poids de Souvenirs sans Âge
La Voix se fraie un Chemin par-delà mes Veines
Jusqu'à mon Cœur où la Bataille fait Rage
Elle ne s'en ira pas, elle ne veut pas me faire de Peine
La Boîte se referme mais elle est vide
Il chantera toujours en moi désormais
Je ne veux plus l'enfermer dans une Caverne humide
En mon Cœur au moins il pourra voler
Sa Prison retourne se nicher dans les Sables
Lui sommeille sur un Lit de Tissu cardiaque, à l'Abri
Bientôt il s'éveillera et chantera notre Fable
Pour mon plus grand Bonheur, et pour le sien aussi.
Mac'hvala, 2007
[Poème acrostiche]
Brode mon Nom sur le Coton
Linceul de mes Jours, ôtons
Avec un Couteau les quelques Fils
Noyés dans la Trame fragile
Cours à la Rivière, pleure
Pour laver les vieilles Peurs.
Mac'hvala, 2007
[Poème acrostiche]
Personne, jamais, n'est à mes Côtés pour m'
Ecouter pleurer dans les Draps de la Nuit,
Rogner mes Ailes quand elles risquent de fondre,
Sucrer mes Larmes pour les rendre meilleures,
Oublier mon Apparence au profit de mon Âme,
Nager avec moi, comme ça, pour rien,
Ne rien dire quand les Mots ne suffisent plus,
Étreindre mes Mains quand je manque de tomber.
Quelqu'un doit bien exister, pourtant...
Mac'hvala, 2007
Il fait si bon auprès de ton Sang
Quand la Chaleur humide de l'Été nous étreint
Roulée en Boule tout contre ton Flanc
Le Bonheur m'entoure de son Voile de Satin
L'Orage au-dehors éclaire ton Visage
Il sublime les Contours de ton Corps
T'offre un Masque d'Argent dans sa Rage
Et orne tes Cheveux de Fils d'Or
Les Notes de ta Voix tombent comme des Perles
En un petit Bruit mat et cristallin dans mon Oreille
Elles s'envolent haut comme le Chant du Merle
S'écrasent en de grosses Gouttes chaudes sur le Parvis de mon Coeur
S'infiltrent pour y découvrir mes Chambres cachées
Tempêtent dans les Arbres alors que la Solitude se meurt
Se tapissent sous mes Draps à la Recherche de Baisers
J'aime me sentir à l'Abri de tes Bras
Lorsque tu ouvres ton grand Parapluie de Tendresse
Que je m'y pelotonne comme un petit Chat
Et que dehors, le Ciel se déchire en mille Pièces
La Protection de ton Menton posé sur mon Épaule
Est douce à mon Âme comme le Rocher est doux au Pèlerin
Si mon Coeur pleure sous les Barreaux de sa Geôle
Tu es la Clé qui m'ouvrira les Portes du Destin.
Mac'hvala, le 25 mai 2007
[Poème acrostiche]
Erige-moi une Stèle dans la Terre de ton Coeur
Pose mon Corps dans un Cercueil d'Artères
Illumine mon Chemin et souffle sur mes Peurs
Tire sur mon Visage un Linceul de Pierre
Aime-moi comme si j'étais vivante en toi
Parle-moi, je veux entendre le Son de ta Voix
Hais ce que les Distances nous ont enlevé
Et garde-moi au plus profond de tes Pensées.
Mac'hvala, 2007
Je te déclare ma Flamme
Celle que j'ai volé au Fond de tes Yeux
Et qui a embrasé mon Âme
Avant qu'elle ne monte aux Cieux
Cette Flamme, je l'avais vue danser
Dans la Braise noire de tes Pupilles
J'ai voulu sentir mon Coeur s'enflammer
Avec une même Passion, une même Envie
Je l'ai trouvée si belle
Avec ses Mèches rebelles
Et son Air si sauvage
Je n'ai pas voulu la mettre en Cage
Je t'ai aimé à la première Étincelle
qui pétillait, dorée dans l'Océan vert
Elle a allumé au fond de ma Chair
Un grand Feu de Joie immortel
Qui crépite à chaque Battement de Coeur
Même lorsque la Nuit démesure les Heures
Cet Incendie en moi, je te le donne
En un doux Baiser sur tes Lèvres fines
Ma Passion sera la tienne, mes Rétines
Garderont le Reflet de ton Ombre carbonne.
Mac'hvala, le 21 mars 2007
[Poème acrostiche]
Sont-ce des Pas que j'entends
Emplissant l'Horizon de Bruits sourds
Comme les Cliquetis d'un Pays sans Retour
Onirique Vision dans une Mer de Sang
Navrant comme le Temps me sépare
De ce que mes Yeux ne peuvent voir
Et de ce Regard vert qui m'est si cher
Silence insoutenable que n'illumine ma Lumière.
Mac'hvala, 2007
Ces Yeux-là, je les ai croisés par Hasard
Au Détour d'un Rêve de Montagnes enneigées
Où la Réalité se mêlait à la Beauté d'un Soir
Emplis des Strideurs du Crépuscule et de la Fin d'Été
Ces Yeux-là ont heurté quelque chose en moi
Des Amulettes sonores faites d'Os et de Verre
Ont charmé mes Oreilles de leur Tintement stellaire
Ont brisé les derniers Sceaux, les dernières Croix
Qui protégeaient mon Coeur de Colombe blessée
Ces Yeux-là, je m'y plongerais jusqu'à la Noyade
Dans cet Océan vert où s'abreuvent les Étoiles
Allanguies sur le Sable d'une Éternité sans Voiles
Des Morceaux de Mystère sous une Surface de Jade
J'y nagerais des Heures, des Jours, des Siècles durant
Et ma Lumière sera celle de la Lune au Firmament
Ces Yeux-là, je les suivrais où que se pose leur Regard
Et je voudrais être chaque Grain de Terre, chaque Nuage de Poussière
Qu'ils croiseront sous un Soleil tardif au cours de leurs Voyages
J'aimerais voir se refléter en eux les Flammes d'un Amour d'Éther
Et quand la Vie les aura à jamais quitté
C'est en moi qu'ils continueront de briller.
Mac'hvala, le 3 août 2007
[Poème acrostiche]
Fine est la Glace qui couvre mon Coeur
Rèche est le Satin usé de mes Rancoeurs
Où chaque Fibre est figée par le Froid
Innonde la Mer morte de Cris d'Effroi
Des Profondeurs de Marbre je reviendrai
Mac'hvala, 2007
Tu es venu me cueillir
Comme une Edelweiss sur une Terre infâme
Je me suis perdue dans ton Sourire
Moi qui avait perdu mon Âme
Tu m'as emmenée loin
Jusque dans les Montagnes aux Neiges éternelles
Puis tu m'as prise par la Main
Et c'est toi qui est devenu mon Éternel
Nous avons couru le long des Pentes poudreuses
Jusque sous les Sapins aux Feuilles immortelles
J'ai récolté dans tes Yeux la Promesse d'une Vie heureuse
L'Enfant en moi mourut dans tes Bras de Flanelle
Tu m'as montré sous un Ciel vêtu d'Or
Les Étoiles prises au Piège du Gel
Nous avons nagé dans l'Eau qui dort
Sous des Lambeaux de Feu au Goût de Miel
Allongés sur la Mousse humide de Rosée
Je me suis endormie auprès de toi
Tu avais volé à la Nuit sa Cape moirée
Et m'en avait couverte pour que je ne prenne froid
Une Vie sans toi serait aussi longue
Que la Plainte du Vent dans le défilé des Montagnes
Aussi inutile que les Étoiles sans leur Ronde
Et aussi immobile que l'Eau qui stagne.
Mac'hvala, 2007